Distinction / prix


Armelle Corpet, une femme de sciences pleine de ressources

Armelle Corpet, enseignante-chercheuse en génétique et épigénétique et membre de l’association « Femmes et Sciences », est lauréate junior de l’IUF 2024. Mère de cinq enfants, elle n'en a pas pour autant sacrifié sa carrière scientifique. Entretien avec cette femme qui revendique cet équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.

Qu’est-ce qui vous a amenée à faire des sciences ?

J'ai toujours été passionnée par la compréhension du monde qui m'entoure, avec une curiosité particulière pour le vivant : comment les plantes grandissent, comment fonctionne le corps humain... Mon père, qui est chercheur en géophysique, a bien sûr alimenté cette curiosité, ce qui m’a poussée à me poser beaucoup de questions quand j’étais plus petite. Puis, arrivée au lycée, mon goût pour la biologie s'est confirmé.
 

Sur quoi sont basées vos recherches ?

J'étudie comment l'ADN, qui porte notre information génétique, est organisé au sein du noyau des cellules. Cet ADN s'enroule autour de protéines pour former une structure qu’on appelle la chromatine, qui influence le fonctionnement des cellules. Actuellement, je travaille sur les changements à l’œuvre quand l’ADN des cellules est endommagé, ou que les cellules entrent en vieillissement. Depuis mon arrivée au laboratoire PGNM, je m’intéresse également à des corps nucléaires particuliers - les corps nucléaires PML - qui concentrent certaines protéines en des endroits précis du noyau. Mon objectif est de comprendre leur rôle dans la dynamique de la chromatine.
 

Qu’est-ce que vous aimez dans votre métier ?

C’est toujours différent. J’ai une soif d’apprendre et une grande curiosité. Il y a tout le temps de nouvelles découvertes, et la diversité des résultats me passionne. La science avance et c'est enrichissant de faire partie du processus. J'apprécie également les interactions avec les autres chercheurs, nos discussions intellectuellement stimulantes. Enfin, le côté humain des enseignements me plaît beaucoup aussi, le contact avec les étudiants et leur accompagnement me tiennent à cœur. Je suis heureuse de leur transmettre ma passion pour les sciences, que ce soit à l'université, ou lors d'encadrement de stages au laboratoire.
 

Quelles sont les difficultés que vous pouvez rencontrer ?

Le plus difficile, c’est de concilier la recherche et l'enseignement. Le temps consacré à la recherche mériterait un temps plein, voire plus. Si on rajoute l’enseignement sur un mi-temps, ça devient extrêmement prenant et parfois, je subis cette charge de travail. J’adore mon métier, mais je n’ai pas choisi de travailler autant et j’ai parfois du mal à tout faire.
 

Est-ce que c’était pour vous une motivation à candidater à l’IUF ?

Oui bien sûr. Obtenir l’IUF, c’est le Graal, parce que je vais garder seulement 1/3 de mes activités d’enseignement et ça me libère un temps immense et beaucoup d'énergie à consacrer pour la recherche.
 

Quelle est votre histoire avec l’association « Femmes et Sciences » ?

Je suis une femme, et mère de 5 enfants donc c’est vrai que je suis assez touchée par ce thème. Je me suis engagée dans cette association en 2018. Une des actions de cette association est de donner des exemples de femmes scientifiques ordinaires. J’ai participé à leur exposition photo (la Science Taille XX Elles) sur Lyon. L’objectif était de montrer des chercheuses peu connues pour montrer que l’on n’a pas besoin de viser le prix Nobel pour faire des sciences. Avec cette même association, j’interviens dans les classes de collège ou lycée, mais aussi en primaire. Je présente mon métier au quotidien puis on discute des préjugés que l’on peut avoir sur les femmes et la science. L’association propose aussi du mentorat pour les doctorantes, pour les encourager et les soutenir et je suis mentor d'une doctorante lyonnaise.
 

Comment transmettez-vous votre passion pour la science à vos élèves ?

J’essaie de les intéresser aux enjeux actuels et de lier cela avec les sciences. Je leur montre également que les recherches en labo peuvent être vraiment passionnantes. Cependant, je suis consciente que je ne peux pas convaincre tous les élèves d'apprécier la génétique. Je reste persuadée que la motivation d'un élève pour la science doit venir principalement de lui-même, c'est à lui de découvrir la voie qui le passionne.
 

Qu’est-ce que vous diriez aux jeunes qui veulent se lancer dans les sciences ?

Les deux adjectifs qui me viennent en tête sont « passionné » et « curieux ». Peut-être « persévérant » en plus. Être enseignant-chercheur, c’est un métier réellement passionnant, mais il faut s’accrocher pour arriver jusque-là. Cela en vaut vraiment la peine. Et puis, je pense être un exemple que l'on peut réussir, tout en maintenant un équilibre avec sa vie personnelle.

Publié le 30 septembre 2024