Recherche,

Le cancer du sein reste en 2022 le cancer le plus fréquent chez les femmes. Il concerne environ une femme sur huit. Un dépistage précoce permet, en cas de détection d’une tumeur, de prendre en charge plus rapidement la patiente, assurant une rémission dans 90% des cas. Pourtant, il arrive que des patientes en rémission complète depuis plusieurs années tombent malgré tout en rechute. Un phénomène que les scientifiques commencent à cerner, et qui est dû à ce qu’on appelle les cellules cancéreuses dormantes.
 

Les cellules cancéreuses dormantes

Contrairement aux cellules cancéreuses qui se divisent de manière incontrôlée, les cellules dormantes restent silencieuses pendant de longues périodes. Et de fait, « ces cellules ne sont pas ciblées par les chimiothérapies actuelles », explique Emma Risson, docteure de l’Université Claude Bernard Lyon 1. Récente lauréate du prix « Jeunes Talents » de la fondation l’Oréal 2022, Emma a consacré sa thèse à la dormance du cancer du sein, qu’elle a réalisée entre le Centre de recherche en cancérologie de Lyon¹ et le Mount Sinaï hospital à New York. En particulier, la jeune chercheuse s’est intéressée à l’impact de l’environnement osseux dans la dormance des cellules cancéreuses. « En effet, précise-t-elle, dans le cas du cancer du sein, les métastases osseuses sont fréquentes, faisant migrer des cellules tumorales vers un environnement propice à les faire dormir ». Ces recherches fondamentales présentent un objectif clair. Aller vers des thérapies ciblant davantage ces cellules dormantes, afin d’éviter la rechute du cancer du sein, explique celle qui suit actuellement un double cursus Médecine/Science.
 

un parcours entre recherche et médecine récompensé

Car avant d’aller vers la thèse et la recherche, Emma a commencé en 2015 ses études en médecine à l’Université Claude Bernard Lyon 1. Elle intègre en 2017 le double cursus Médecine/Sciences (ENS Lyon/Lyon 1) à la Faculté de Médecine Lyon-Est. Cette formation donne la possibilité à des étudiants en médecine ou pharmacie de combiner leur cursus médical avec une formation scientifique approfondie. C’est ainsi qu’entre la troisième et la quatrième année de médecine, Emma effectue une césure de quatre ans pour mener à bien son master 2 et son doctorat. Après sa soutenance en juillet dernier, la voilà revenue à la Faculté de médecine Lyon-Est pour poursuivre sa formation médicale. Elle est actuellement externe aux Hospices civils de Lyon.

 Il existe de multiples voies vers la recherche, et il nous faut montrer qu’elles sont accessibles aux femmes

Pour la lauréate, l’obtention de la bourse L’Oréal est la reconnaissance de ce parcours entre recherche et médecine. Il récompense également un engagement personnel dans l’enseignement et dans la vulgarisation scientifique (Emma a participé à l’élaboration des vidéos de vulgarisation Covido ergo sum, dirigées par Florence Ader et réalisées avec le service ICAP de Lyon 1).

Un parcours qui, au côté des 34 autres lauréates, met en lumière la diversité des femmes en sciences. « Il existe de multiples voies vers la recherche, et il nous faut montrer qu’elles sont accessibles aux femmes », plaide Emma. Et d’ajouter « qu’aujourd’hui, dans le domaine de la médecine, où 50% des femmes sont médecins, seules 20% d’entre elles accèdent à des postes à responsabilité ». C'est ce modèle, qui n’aide pas les jeunes filles à se projeter dans ces métiers, qui est à changer, pointe celle qui se voit bien à terme exercer une activité clinique d’oncologue tout en poursuivant des recherches sur le cancer.